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Rosa lit et Théo dort
18 septembre 2012

coup de coeur

 

Il  y a des livres qui vous appellent et vous happent, comme une rencontre amoureuse... J'adore lorsqu'en librairie, mon choix se fait en deux secondes: c'est ce livre et rien d'autre. Je sais que lorsque je commence à tourner dans les rayons, à chercher, à prendre, puis à reposer...je repartirai les mains vides!  Là, ça a été un coup de foudre: j'ai vu ce livre, je l'ai pris, et je me suis presque enfuie pour le lire immédiatement.

 

" La Survivance" de Claudie HUNZINGER.  Chez GRASSET.

Image 008

Il est vrai qu'il rassemble deux thèmes qui me sont chers: les livres et la montagne, ou plus exactement l'austérité de la nature.

 

Il s'agit du récit d'un couple, la soixantaine, qui se voit contraint d'abandonner sa librairie et sa maison pour vivre dans une vieille batisse délabrée au milieu des montagnes vosgiennes.

 

Une nouvelle vie, un nouveau cycle commencent. La survivance, ou la renaissance avant la fin?

Il y est décrit le rêve de tout amateur de lecture: être seul, tranquille, pour lire, lire, lire...

" tu te souviens, Jenny? Tu me fournissais alors en livres. En armes. Je te disais nous sommes des guerriers, ne l'oublie pas, sauf qu'on ne tue pas, on se défend, les livres sont nos armes. Ni des médocs ni de l'opium, non: des armes. Tu te souviens?" (p 234).

mais aussi un certain retour à la nature: rythme des saisons,contact des animaux comme ces rencontres avec des cerfs:

" Des chefs indiens. Ils se montraient avec tout leur attirail de beauté, de puissance, de pouvoir. Leur parure cosmique. Ils semblaient nous ignorer. Ils se foutaient royalement de nous, oui, a dit Sils. " (p 101)

et retour à soi et à son corps...

Claudie HUNZINGER décrit d'ailleurs avec beaucoup de pudeur la "décrépitude " des corps, comme celle de cette maison.

Mais aussi la résistance face à l'hiver, métaphore de la vieillesse?

Aussi refuge face à une société déstabilisante, angoissante. Ce qui pourrait être vu comme une fuite de notre société peut être également vu comme un lacher-prise, un "à quoi bon"? a quoi bon résister? Pour quoi faire?

"Il allait à Paris en stop voir les librairies.Pour autant, fauché comme il était, il n'a jamais volé de livres.Ce qui se faisait beaucoup et qui signalait tout simplement des temps heureux, car aujourd'hui, m'a dit un libraire écoeuré, on ne nous vole même plus de livres." (p 234)

 

Ce livre est à la fois mélancolique ( nostalgie de la jeunesse, d' un idéalisme, et des livres papiers amenés à disparaître au profit d'une autre forme de lecture...) et joyeux aussi par ce retour à une simplicité, à un dépouillement avant, peut-être, la mort.

Cette "survivance" dans les montagnes décrit ainsi une initiation, comme une préparation avant un renouveau, quelqu'il soit... 

 

et  un très bel hommage y est rendu aux libraires, profession en péril, déjà morte, pratiquement, pour l'auteur.

Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai en effet de très beaux souvenirs avec des libraires et leurs librairies. Il y a des librairies où l'on se sent bien ,d'autres non...Des librairies où tout est bien rangé, d'autrs dans un bazar incroyable...

Des librairies où l'on trouvera des trésors, et d'autres où l'on sera magnifiquement conseillé...

Des librairies où circulent l'amour et la curiosité! où l'on sent le caractère du libraire, une librairie est tout sauf impersonnelle...sauf maintenant avec la FNAC, MAJUSCULE et autres...

 

Rosa

 

Je viens de découvrir que "la Survivance" est sélectionné pour le prix Médicis...Je lui souhaite bonne chance.

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
R
oui, moi aussi, j'ai le souvenir à Paris d'un (vieux) libraire avec une belle barbe blanche dans sa librairie pleine de cartons et de piles de livres. J'y allais en sortant du lycée, c'était mon refuge!! mais pas de patisseries après...
L
Je partage avec toi ces beaux souvenirs de librairie et surtout de libraires, à Paris, près de mon boulot, j'y passais mes heures de déjeuner à palabrer et échanger avec une libraire passionnée... Et puis les dîners Mille-Feuilles, une fois par mois avec les auteurs et le libraire "fournisseur officiel". Je ne quitterais mon nouveau lieu de vie pour rien au monde mais ces souvenirs-là (ainsi que les pâtisseries et le chocolat chaud après la pluie chez Angelina) me rendent nostalgique de ma vie à Paris.
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