Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rosa lit et Théo dort
19 janvier 2012

J'ai choisi la terre

J'ai découvert Claude Michelet, à l'adolescence dans un hebdomadaire qui publiait par épisode "La grande muraille", l'un de ses tout premier roman. J'attendais impatiemment chaque semaine l'arrivée du nouvel épisode de la vie de Firmin qui a hérité d'un champ de cailloux. Avec détermination et courage, il s'efforcera toute sa vie de cultiver ce lopin de terre, ôtant chaque pierre une à une et bâtissant du même coup une grande muraille autour de sa propriété.

J'ai ensuite dévoré les deux grandes sagas de l'auteur :

"Des grives aux loups", histoire de la famille Viahle, paysans corréziens de 1890 à 1990.

Et puis la saga des Leyrac, les cousins expatriés en amérique du sud, "Les promesses du ciel et de la terre".

L'écriture est simple, belle, limpide. Il en ressort une sincérité et un réalisme qui nous font oublier qu'il s'agit d'un roman. On croirait sans peine avoir en main une biographie familiale.

J'ai lu enfin "Mon père, Edmond Michelet". J'ai découvert que Claude Michelet, l'écrivain que j'appréciais, l'agriculteur que j'aspirais à être moi aussi, était fils de ministre. Ca été un choc. J'ai mis du temps à comprendre et accepter que, contrairement aux apparences, cela ne traduisait pas une "régression sociale". Avec le recul, je crois que cet auteur a scellé mon orientation professionnelle, mais aussi ma vigilance à toujours rester en capacité d'apprendre et d'évoluer.

Je suis donc devenu paysan à 21 ans après que les études m'aient rattrappé. Ca fait 15 ans cette année. J'ai repris la ferme familiale, ayant la chance de ne pas avoir un père ministre. J'ai moins le temps de lire depuis ... et quand je lis c'est pour me changer du quotidien, alors les romans du terroir ... je les évitais plutôt. Sauf qu'à Noël, mon beau-père m'a offert l'autobiographie de jeunesse et chronique professionnelle de Michelet, "J'ai choisi la terre".

Un livre écrit il y a plus de 35 ans (je n'étais même pas né) qui n'a quasiment pas pris une ride.

Les forces qui animent chaque paysan, son attachement et son respect de la terre, sa contribution à assurer les besoins vitaux de ses congénères et l'ignorance voire le mépris dont on le gratifie en retour, son pragmatisme, sa sensibilité, ...

Je ne partage pas tout pour autant. Sa vision de la famille et de l'éducation me semble aujourd'hui obsolète. Contrairement à lui, je crois fermement à la force de l'action collective en agriculture (et en bien d'autres circonstances), même s'il tempère son jugement en fin d'ouvrage.

Le plus surprenant dans cet ouvrage, c'est la perspicacité avec laquelle l'auteur a pu deviner et prévoir les enjeux de l'agriculture d'aujourd'hui. Je pense notamment à la pression foncière liée à l'urbanisation galopante, anarchique et insensible aux enjeus nourriciers de la terre. Je pense à l'invasion administrative, à la privatisation du vivant, ...

Un livre plein de la sagesse et de l'humilité des terriens.

De deux choses l'une, soit je suis déjà un vieux con, soit Claude Michelet est un grand visionnaire en plus d'être une belle plume.

 

Théo

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
R
Résumé en 150 mots pour samedi !!!
E
en pleine lecture de ce livre qui a l'air tres passionnant!
Rosa lit et Théo dort
Publicité
Albums Photos
Rosa lit et Théo dort
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 3 629
Publicité