Est-il nécessaire de présenter "Purge", de Sofi OKSANEN (édition stock)?

La meilleure façon de lutter contre la prostitution, à mon sens...à faire lire OBLIGATOIREMENT à tous ceux tentés par l'expérience (je parle des hommes "clients") au lieu d'être verbalisés et mis en prison... Sofi OKSANEN rend compte d'une prostitution bien éloignée du cliché lamentable véhiculé par Pretty Women...

Cette auteure a la très grande qualité de nous faire vivre du "dedans", c'est à dire dans notre corps de femme, ce que vivent ses personnages.

Ames sensibles s'abstenir...

J'ai attaqué "Les vaches de Staline", son premier roman, où l'on retrouve les mêmes thèmes:

le déracinement et la perte de repères, la honte, la peur, le lien au corps, support de sa propre violence (ici, par l'anorexie/ boulimie), et l'enchaînement à une histoire véhiculée de corps en corps par les femmes de sa lignée...

Deux extraits qui m'ont marqué, marqué et parlé: ces lignes sont choquantes, excessivement choquantes je trouve, mais j'ai la chance de travailler pour et avec des femmes à l'histoire complexe et douleureuse, et croyez moi, Sofi OKSANEN décrit de façon incroyablement juste à quel point une femme peut aller loin dans le rejet et la démolition de son propre corps...

Mais aussi trouver en elle une force de survie qui la pousse à aller au-delà des limites du corps, pour transmettre la vie, coûte que coûte...

 

page 94: " Elle (la honte) me glissait des mains, parce qu'elle n'existait pas. Elle n'avait pas de nom. Il fallait la faire sortir, m'enfoncer dans la gorge une bûchette ou un cintre...."

 

et page 69: " toutes les femmes,dans une certaine mesure, sont des putes. mais certaines sont plus putes que d'autres. certaines ont ça dans le sang; les unes le sont devenues par l'instruction ou par l'éducation, les autres le sont de nature."

 

Lecture en cours, j'attends avec impatience de voir qu'elle sera l'issue de ce roman...

 

 

Et puis dans un tout autre style, beaucoup plus léger, mais où pointe cependant une certaine ironie, voire même une tristesse, et qui laisse un petit goût amer en bouche après la lecture, je vous conseille l'excellente nouvelle de Audrey DEBUYSSCHER "une phobie particulière" dans le recueil "Sous l'oeil de Myrrha" aux éditions Leda.  Là aussi, il est question de la condition féminime, et de la relation au corps.

Ainsi, on peut lire "Delphibe tergiverse, (...), farfouille dans ses tréfonds..."

Et enfin ,pour finir sur une note un peu rigolote, j'adore les petites piques à l'égard d'une profession que je connais quelque peu...

"'c'était bien la peine de se coltiner un stage de développement personnel dans une forêt vosgienne avec un gourou à l'évidence plus intéressé par son développement mammaire que par son Surmoi" page 15

Comme dirait Audrey:  vive les "docteurs de la phobie existente !! "

Mais tout le monde n'a pas les ressources pour évacuer sa douleur par la littérature...

 

Rosa